Danse de la joie des étoiles

Danse de la joie des étoiles est la deuxième partie de ma pièce pour 13 altos, écrite durant l'été 2012. C'était une période singulère de ma vie, où j'ai vu s'effondrer à peu près tout ce que j'avais essayé de construire, tout ce qui m'était cher. En bon gaulois je ne craignais rien sauf que le ciel me tombe sur la tête et c'est précisément ce qui est arrivé à ce moment-là.

Faute de pouvoir trouver du réconfort dans mon entourage, c'est en moi-même que j'ai dû creuser pour trouver de nouvelles ressources. Ce que j'y ai trouvé, à mon grand étonnement ? De la joie. Une joie surabondante et inépuisable. 

C'est cette joie inexplicable que j'ai cherché à traduire par la musique, dans un morceau qui occupe la place centrale de 13.2 milliards d'années-lumière, ma grande pièce pour 13 altos. Ce mouvement rapide et dansant est encadré par deux mouvements plus lents et méditatifs (que j'ai intitulé Singularité Initiale et Contemplation du Vide). L'alto solo, ici magnifiquement incarné par Vincent Royer, lance des appels joyeux par des motifs courts qui sont repris et développés par les douze autre altos. L'enchevêtrement serrés de ces motifs crée des textures micro-polyphoniques comme on peut en trouver chez Ligeti. Ces gros mots cachent un principe simple: prenez un motif de 6 notes, confiez-le le à 6 instruments, chacun étant décalé d'une note par rapport au précédent. Le résultat est un accord répété de 6 notes dont la texture est vivante et vibrante, surtout en concert, avec la spatialisation. Voici l'idée de base, on peut ensuite travailler ces textures comme le boulanger travaille la pâte. Et bien entendu, combiner ces textures avec des lignes mélodiques ou des personnages rythmiques pour donner vie et forme à l'ensemble.

La joie est contagieuse et irrépressible, c'est ce que j'ai ressenti en écrivant cette pièce, mais également le jour de la création publique. Vincent Royer et ses camarades du pupitre d'alto du Gürzenich Orchesters Köln avaient dédié le concert du 26 avril 2014 à leur camarade Christoph qui avait disparu quelques moi auparavant suite à une grave maladie. Au-delà même de la tristesse et de la conscience aigüe d'une perte irréparable, j'ai senti entre eux durant tout ce concert une énergie, un élan, un enthousiasme qui étaient certainement le plus bel hommage qu'on puisse rendre à un artiste et à un ami. C'est assez sensible même dans la vidéo qui est comme une carte postale chère à mon coeur.

Ce qu'on trouve au fond du ciel le plus noir, ce sont des étoiles. Et si l'on fait silence, on les entend danser. Alors dansons, mes amis ! La vie est courte et le chagrin nous tuera bientôt. Tant que nous sommes vivants, il est urgent de crier notre joie.

Commentaires

1. Le dimanche 17 mai 2015, 21:27 par Bernard

Patrick

La première partie de ton billet reflète les préceptes du texte que tu as publié de Sœur Thérésa en les appliquant; sans résilience et rebond personnel devant les difficultés que la vie immanquablement donne à chacun, nous ne serions pas là pour" crier " notre joie et notre bonheur de vivre en agissant positivement; tout est si juste et si vrai dans tes réflexions.

L'extrait de ta vidéo m'a touché.

Continue, tu feras plaisir au plus grand nombre.

Un grand merci.

Avec mes pensées affectueuses.

Bernard