Olivier Greif: Sonate Les Plaisirs de Chérence sur Tamino Productions

En partenariat avec l'Association Olivier Greif, je suis heureux et fier d'annoncer que les éditions Tamino Productions vont éditer la Sonate n°22 "Les Plaisirs de Chérence" d'Olivier Greif, un de ses tout derniers chefs-d'oeuvre.

Vous savez depuis longtemps, chères lectrices, combien j'aime la musique d'Olivier Greif, sombre, puissante, originale, et encore relativement méconnue bien qu'elle soit défendue par de magnifiques artistes comme Pascal Amoyel, Emmanuelle Bertrand ou encore Philippe Hattat. Un oeuvre marquée par la mémoire émotionnelle et traumatique de la Shoah dont le père d'Olivier Greif est un des survivants. Greif a même utilisé le numéro tatoué sur le bras de son père par les nazis en tant que thème musical (traduisant chaque chiffre en une des notes de la gamme).

C'est donc avec joie que je vais participer activement à la diffusion de cette musique magistrale dont l'auteur, mort à la toute fin du XXième siècle, disait parfois qu'il faudrait attendre le siècle suivant pour qu'on apprécie son oeuvre.

La sonate n°22 "Les Plaisirs de Chérence" en cinq mouvements a été terminée en février 1997.

Le mieux à faire pour la présenter est de laisser parler le compositeur, qui a écrit dans son journal le 27 février 1997:

Mis aujourd’hui la dernière main à ma Sonate Les plaisirs de Chérence. Je suis heureux d’avoir fini, car je tenais absolument à terminer avant le terme du mois de février. Dieu seul sait comment ce morceau dont j’avais à l’origine l’intention sincère de ne faire qu’un aimable divertissement à la française, un peu à la manière de ces ordres de pièces de clavecin des XVIIème et XVIIIème siècles décrivant cascades, bosquets fleuris, carillons, conversations galantes et autre dryades (après tout, l’envie de le composer ne m’en est-elle pas venue lors d’un concert des « Talents Lyriques » dirigés par Christophe Rousset, auquel j’assistais en compagnie de Brigitte François-Sappey ?). Dieu seul sait, donc, comment ce morceau a pu devenir entre temps une suite de cinq pièces obsessionnelles, frappées au sceau de la mort ! Mort des bêtes, mort des hommes, mort partout. Il n’est pas jusqu’au mouvement ultime, que j’avais entendu au départ comme un carillon joyeux et rassembleur, qui me semble désormais sonner tel un glas…

Cette sonate comporte cinq mouvements:

  1. Hallali de Gommecourt (indication sur la première page: “D’après les Lettres de Westerbork”).
  2. Tombeau de Monsieur de Clachaloze (Les parents d’Olivier Greif possédaient une maison à Clachaloze, un village proche de Chérence et de La Roche-Guyon).
  3. Égarements de La Roche-Guyon (indication sur la première page: “D’après Walk on the wild side, de Lou Reed”).
  4. Fantômes d’Haute-Isle.
  5. Le carillon de Chérence (indication sur la première page: “D’après le Carillon de Passy, de Jean-Baptiste Forqueray”).
Cette sonate a été enregistrée par le compositeur lui-même dans un magnifique double album "Portraits et apparition" chez Triton.



D'autres oeuvres suivront, dont je l'espère la magnifique Symphonie pour baryton solo et orchestre, créée par L'Oiseleur des Longchamps il y a une vingtaine d'années. Affaire à suivre...