La Venise enchantée de L'Oiseleur des Longchamps
Par Patrick Loiseleur le dimanche 18 octobre 2015, 14:55 - Concerts - Lien permanent
Si j'aime les récitals de La compagnie de L'Oiseleur, ce n'est pas uniquement pour les partenaires féminines dont il sait s'entourer et dont la grâce n'a d'égale que le talent. C'est aussi parce que je me sens toujours délicieusement idiot en regardant le programme et en voyant, à côté de noms de compositeurs familiers (Chopin, Massenet, Offenbach, ...) d'autres qui le sont beaucoup moins voire pas du tout (Augusta Holmès, Pierre de Bréville, Roland Manuel, Amédée de Beauplan...).
Mercredi dernier, ous avons pu entendre Enchantante Venise, un programme d'une étonnante diversité bien qu'il soit essentiellement constitué de Barcarolles glanées parmi les classiques aussi bien que les introuvables de la mélodie française.
Entouré d'Aurélie Loilier (soprano), Xénia d'Ambrosio (contralto), Leo de Bono (piano) et Julien Marcou (harpe), L'Oiseleur des Longchamps nous a une fois de plus étonnés, charmés et transportés. Mon coup de coeur ce soir va à la barcarolle d'Augusta Holmès, bouleversante chanson de l'amour déçu dont Aurélie Loilier donne des accents théâtraux aussi bien qu'intimes:
Je sais bien que mon amour
N'est qu'une folie
Que ton cerveau, m'oublie
Que ton coeur est sourd.
Mais je veux te dire encore
A quel point je t'aime !
Par chance on trouve en ligne une captation d'un récital plus ancien qui permet de se faire une idée de cette barcarolle bien que le son de l'enregistrement ne soit pas à la hauteur de l'interprétation.
Et mon deuxième coup de coeur va à la Venise marine de Pierre de Bréville, sur un texte d'Henri de Régnier. Les couleurs mélancoliques et élégiaques de cette pièce conviennent parfaitement à la voix de baryton de L'Oiseleur des Longchamps.
La harpe qui remplace le piano pour certaines mélodies et travaille en duo dans d'autres est également un vrai plus: si nos lectrices savent combien j'aime le piano, elles savent aussi que j'ai une affection particulière pour cet instrument, pour qui j'ai déjà écrit plusieurs pièces, qui s'équilibre très naturellement avec la voix et crée un sentiment d'intimité, de proximité avec le public.
Un très beau programme que la très classique barcarolle des Contes d'Hoffman vient conclure avec l'effectif au complet (piano, harpe, et les trois chanteurs), pour notre grand bonheur.
Rendez-vous est pris pour le 11 novembre prochain au Temple du Luxembourg, avec un nouveau programme consacré à quatre compositeurs pris dans la Grande Guerre: Reynaldo Hahn, Jacques de La Presle, Pierre Vellones et Ermend Bonnal.