Salzbourg 2007: toujours trop de créativité, mais il y a tout de même une création

J'ai déjà évoqué le problème dans ce journal (voir mes billets sur Trop de créativité, pas assez de créations et La faute au public !).

Ce matin, c'est J-L Validire, critique au Figaro, qui charge le festival de Salzbourg 2007: dans un article intitulé La dictature des metteurs en scène, il attaque ces mises en scènes qui sont tellement dépoussiérées qu'on ne reconnaît même pas le livret: dialogues réécrits, personnages muets inventés par le metteur en scène, décors transposés (ainsi par exemple la Gorge aux Loups du Freischütz se transforme en égout). N'ayant pas pu me rendre à Salzbourg cette année (c'est drôlement cher, tout de même !) je ne peux pas entrer dans le débat.

Mais si les symptômes sont correctement analysés par J-L. Validire, le diagnostic manque quant aux causes de la maladie. Les causes, les voici: au lieu de commenter la N+1-ième production du Freischütz et les efforts désespérés du metteur en scène pour la rendre différente des N précédentes, il faudrait plutôt s'intéresser aux créations. Il y en a tout de même une au festival 20007: Intitulée Requiem for a Metamorphosis, ça n'est pas un opéra à proprement parler, mais un requiem théâtral avec acteurs, danseurs et musiciens. Autrement dit, un ballet. La musique est de Serge Verstockt, professeur de composition à Rotterdam, mais c'est le chorégraphe Jan Fabre qui est le patron pour cette production. Voici l'argument publié sur le site du Festival:

Jan Fabre creates his own requiem: a theatrical mass for the deceased, at the centre of which is life. Fabre brings death back into a life lived to the full, with celebrations and dancing, where death is revered as part of a cycle that constantly repeats itself. Death is an instant shrouded in silent moments. But it is also a deafening concert of memories, images, fragments of past lives. In death life returns like a heap of ruins: a jigsaw puzzle of anecdotes, unimportant things, private rooms and magnificent transience. Death is full of tears but far below this weeping, a long time afterwards or sometimes even directly, life laughs scornfully and disturbingly. Over and over again. Death bewitches life. Life bewitches death. A requiem is a mass for the dead. Fabre takes us with him into the burial chamber of death. He feels the pulse of the dead person and takes his temperature. The mass for the dead is a festivity, a farewell, a new beginning.

Présenter une telle pièce à un public dont la moyenne d'âge est largement supérieure à 60 ans, ça ne manque pas de sel.