lundi 11 janvier 2010

Contrebasse volée

Nous interrompons nos programmes habituels pour retransmettre l'information du vol d'une contrebasse dont voici le signalement:

  • Tête de lion
  • Cinq cordes
  • Étiquette apocryphe "Gand 1869" 
  • Vernis rouge sombre
(voir les photos ci-dessous). Nous avons déjà évoqué dans ce journal à quel point le vol d'un instrument de musique (et spécialement d'un instrument à cordes) est pour la victime une perte irréparable, sans commune mesure avec le maigre bénéfice que fournira la revente de l'instrument (quand on arrive à le revendre, ce qui est de moins en moins facile aujourd'hui car les luthiers ont organisé des réseaux européens de lutte contre le vol). Quoi qu'il en soit, ceux qui auraient des informations sur cet instrument sont invités à contacter Pierre FEYLER par courrier électronique.



mercredi 30 décembre 2009

Compositeurs: la grande vadrouille ?

Lu dans le Monde: un article de Pierre Gervasoni sur la fuite des cerveaux dont nos compositeurs d'avant-garde seraient victimes. Des musiciens comme Tristan Murail ou Philippe Manoury trouvant aux États-Unis des postes de professeurs d'Université plus prestigieux et mieux payés que ce qu'ils avaient en France. Le système des conservatoires français étant une fusée à trois étages (municipaux, régionaux, nationaux) où les postes sont rares, surtout dans le troisième étage qui ne comporte que deux conservatoires, à Paris et à Lyon.

Le terme de fuite de cerveaux qui a été utilisé par Manoury lui-même dans son article Pourquoi je pars dans le Nouvel Obs, est tout à fait abusif et trompeur. D'abord, que la carrière des musiciens du plus haut niveau se joue au niveau mondial, c'est très positif et on ne saurait s'en plaindre. Quitte à rester dans un perspective étroitement nationalo-nombriliste, on devrait plutôt s'enorgueillir de l'environnement qui nous permet de former des musiciens que les meilleurs institutions du monde cherchent à attirer. Ensuite, il ne me semble pas que le départ de Philippe Manoury ait créé un trou d'air si considérable que la création musicale en France se soit d'un coup asséchée. Sans vouloir faire ma Ségolène (qui connaît la musique de Philippe Manoury parmi les lecteurs de ce blog ?) il me semble que le nombre et la qualité des créations en France ne faiblit pas, et témoigne toujours d'une vitalité impressionnante. Par ailleurs comme L. Petitgirard le faisait remarquer en commentaire de l'article du Monde, Philippe Manoury, ayant occupé des postes comme professeur de composition au CNSMD de Lyon et reçu de nombreuses commandes de l'Etat, de l'IRCAM, etc, a plutôt été bien traité lors des 25 années de sa carrière en France. Enfin, je pourrai citer de mémoire une douzaine de noms de compositeurs de toutes nationalités (Finandais, Tchèques, Allemands, Russes) qui vivent, étudient ou travaillent en France où ils ont trouvé des conditions matérielles et un environnement propre à épanouir leur talent. La mobilité internationale jour dans les deux sens: il est bon et souhaitable que nous continuions à exporter des musiciens (pas seulement des compositeurs), pourvu que nous sachions en attirer d'autres. Paris a peut-être perdu son statut de capitale mondiale des arts qu'elle occupait au temps d'Isaac Albeniz ou de César Franck, mais elle reste un pôle artistique important. Et l'on doit se réjouir plutôt que se désoler de voir d'autres pôles émerger.

Concernant le statut des compositeurs en France, il y a ceux qui vivent de leurs commandes et droits d'auteur et n'enseignent pas, comme Pascal Dusapin: on les compte sur les doigts d'une main. Même Pierre Boulez ne peut pas vraiment entrer dans cette catégorie, car ses activités de chef d'orchestre l'occupent autant sinon plus que celles de compositeur. Et il y a tous les autres, qui vivent de l'enseignement. Ce qui signifie pour l'immense majorité, les conservatoires municipaux ou régionaux. Pourrait-on vraiment changer ce système afin de permettre aux compositeurs de devenirs maîtres de conférences et professeurs d'université ? Oui, mais cela impliquerait de casser la fusée à trois étages dont j'ai parlé pour intégrer l'enseignement de la musique aux universités. Cela présenterait de nombreux avantages, notamment une meilleur intégration des matières pratiques (instrument, chant, chorale, orchestre) et théoriques (musicologie, histoire des arts, analyse, composition) et meilleure interaction entre la musique et les autres disciplines artistiques et scientifiques. Mais dans notre pays où le moindre projet de réformette de la grille horaire des lycéens met des milliers de gens dans la rue et des centaines d'éditorialistes en colère, une telle révolution de l'enseignement musical a exactement zéro chances sur cent d'aboutir.

Notons pour finir que se dégager suffisamment de temps (et donc d'argent) pour pouvoir travailler a toujours été le problème numéro un des compositeurs, Bach et Mozart inclus. Beethoven, après ses trente ans et grâce à des mécènes, fut le premier à pouvoir se consacrer à plein temps à l'écriture. Les bourses, commandes, droits d'auteur et prix de composition qui existent aujourd'hui constituent des aides tout à fait considérables à la création qui rappelons-le, n'existaient pas à l'époque de Mozart, lequel Mozart gagnait sa vie en donnant des leçons de pianoforte. Remarquons enfin qu'il a toujours existé des compositeurs qui exerçaient une profession non artistique, ce qui n'est pas évident à gérer mais peut garantir une totale indépendance. Parmi les exemples célèbres, on peut citer Charles Ives, qui toute sa vie a conservé un travail à mi-temps dans l'assurance. Certaines des employés du cabinet d'assurances qu'il avait co-fondé ignoraient même qu'il était musicien !


lundi 16 novembre 2009

Violas' 2009: résultat du concours de Lutherie

Les résultats du concours de lutherie Violas' 2009 sont sur le site alto en ligne. Dix luthiers sont récompensés, mais deux noms semblent se dégager: Jan Bartos et Antoine Lescombes.

Orchestres en fête du 20 au 29 novembre

L'opération Orchestre en fête reprend cette année, du 20 au 29 novembre 2009. C'est une sorte d'opération portes ouvertes qui permet de découvrir les coulisses, d'assister à des concerts mais aussi à des conférences, des ateliers pédagogiques, et de rencontrer des musiciens. L'accent sera mis particulièrement cette année sur les manifestations pour les enfants des écoles, collèges et lycées.

Aussi je vous invite à lire l'interview de Michel Blanc, parrain de l'opération, ainsi que celle de Philippe Fanjas, qui préside l'association des orchestre des France, et bien sûr à profiter de cette fête de l'orchestre pour aller saluer les musiciens de votre orchestre local préféré. Le calendrier est sur le site d'Orchestres en fête

dimanche 15 novembre 2009

Et s'il n'en reste qu'un...

Norman Lebrecht invite jusqu'à demain les lecteurs de son blog à voter pour le ou les compositeurs vivants qu'on écoutera toujours dans 50 ans. Le critère de la durabilité est sans doute l'un des meilleurs et des plus objectifs pour évaluer la qualité de la musique, indépendamment de toutes les considérations de style ou de goût. Ainsi Brahms le passéiste et Liszt l'audacieux ont tous les deux résisté à l'usure du temps par la qualité de leur musique, ce qui nous permet d'apprécier aujourd'hui ce qu'ils ont en commun comme ce qui les différencie.

S'il y a un biais de sélection assez clair envers les compositeurs américains ou travaillant aux États-Unis, on y retrouve pas mal de noms connus, des avant-gardistes comme Carter ou Boulez mais aussi des compositeurs plus populaires comme Arvo Pärt ou John Williams. Il y a surtout une demi-douzaine de noms que je vois pour la première fois. Suis-je donc complètement inculte ? Ou bien est-il si difficile pour un compositeur aujourd'hui de se faire un nom parmi les milliers de compositeurs en activité ? Les deux, sans doute.

jeudi 12 novembre 2009

Wagner contre Wagner

L'information semble avoir peu ému, tant ce côté-ci du Rhin que de l'autre. Gottfried Wagner, descendant direct de Richard du même nom, est fort en colère contre la programmation du prélude du 3e acte de Lohengrin lors du concert dirigé par Daniel Barenboïm le 9 novembre dernier pour célébrer les 20 ans de la chute du mur de Berlin. Musique qu'il qualifie de chauvinistischen Kriegsaufputschmusik c'est à dire en gros de nationaliste et va-t'en-guerre, et par là même fort peu adaptée à la circonstance. C'est le Tagesspiegel qui le rapporte (lire également la déclaration complète de Gottfried Wagner ici). Le même concert incluait la cantate Un survivant de Varsovie (1947)  d'Arnold Schönberg, une oeuvre qui se situe politiquement aux antipodes puisqu'elle parle de l'insurrection du ghetto juif de Varsovie en 1943 (et de la répression impitoyable qui s'ensuivit).

Richard Wagner était nationaliste et ouvertement antisémite, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir des amis juifs. La question a été amplement débattue dans d'innombrables livres et articles, et il n'est guère nécessaire d'y revenir ici. Mais sa musique ? Est-elle chauviniste ou anti-sémite ? Est-ce qu'il peut exister une musique nationaliste ? Et à quoi donc pourrait-on la reconnaître ?

Bien qu'il existe des hymnes nationaux, on ne peut que répondre par la négative. La musique véhicule des émotions, des sentiments, pas des opinions politiques ou des leçons d'histoire. Aucune oeuvre de musique symphonique n'est capable d'exprimer des propositions comme "la pomme est sur la table" ou bien "Chirac est un pourri" ou encore "les Turcs sont responsables du génocide des Arméniens en 1915". Le privilège, le pouvoir de dire le monde, est celui des mots et des écrivains. écrivain au sens large, chacun de nous ou presque ayant ce pouvoir de prendre la plume pour dire le monde.

Ainsi la musique ne peut avoir de signification politique que par ricochet, par association avec d'autres éléments, textes ou symboles. La force des symboles n'est pas à négliger. Quelles auraient été les réactions du public si le concert avait commencé par l'hymne de l'ex-RDA ? ou l'Internationale ? ou l'hymne des JO de Berlin de 1936 ? (composé par un certain Richard ... Strauss !).

Dernier point à considérer, en sus des associations d'idées qu'elle peut susciter, ou ne pas susciter, et peut-être avant tout autre chose, la musique a aussi une valeur esthétique intrinsèque. Ce prélude du 3e acte de Lohengrin est souvent joué en concert car cette ouverture est un petit chef-d'oeuvre qui exprime les sentiments d'impatience joyeuse et de bonheur festif comme nulle autre. On peut certes trouver un côté martial dans ces sonorités cuivrées et ces rythmes pointés, mais ce sont là des qualités (ou des défauts) qu'on trouve aussi bien dans notre Marseillaise, ou dans les ouvertures de Berlioz et Beethoven.

Daniel Barenboïm, qui a le premier introduit la musique de Wagner en Israël, ce qui a suscité des remous, a certainement réfléchi à la question lui aussi, avant de trancher. Peu de musiciens ayant oeuvré autant que lui à faire tomber barrières et préjugés, je pense qu'on peut lui faire confiance et lui laisser le mot de la fin. Oui, tout bien pesé, il ne faut pas s'interdire de jouer la musique de Wagner. Même lors d'une cérémonie internationale où l'on fête la réunification pacifique de l'Allemagne et de l'Europe.

samedi 4 juillet 2009

Les festivals et la crise

Dès les premiers jours de juillet, la programmation musicale dans les grandes villes se réduit comme peau de chagrin: à Paris, l'Opéra, le théâtre du Chatelet, la Maison de la Radio terminent leur saison; et si l'on trouve encore dans quelques églises des concerts pour les touristes, les occasions de se réjouir l'oreille se font plus rares pour les parisiens qui n'ont pas la chance de quitter la capitale et sa chaleur rapidement étouffante. Si l'on veut écouter de belles choses, mieux vaut prendre le large, se mettre au vert, chausser les sandales ou prendre son bâton de pèlerin (choisissez le cliché que vous préférez). Les plus chanceux iront à Glyndebourne, Salzbourg ou Aix-en-Provence; mais à vrai dire il n'est pas toujours nécessaire d'aller très loin ni de dépenser beaucoup pour trouver de vraies merveilles. Mais il est parfois nécessaire de fouiller un peu car les festivals sont maintenant si nombreux que les guides édités par la presse spécialisée sont devenus indispensables pour s'y retrouver. Grâce à la programmation audacieuse de certains festivals, qui cherchent des correspondances entre tous les styles de musiques on peut d'ailleurs saisir cette chance pour écouter ce qu'on ne connaît pas trop, voire qu'on n'aime pas trop a priori: jazz, contemporain, médiéval, improvisation, électro, musiques du monde... le plaisir est aussi celui de la découverte.

Les festivals vont-il souffrir de la crise comme à peu près tout le reste de l'économie ? Oui et non. La fréquentation ne semble pas baisser significativement. La folle journée de Nantes en janvier dernier semble avoir connu une affluence record. Il semble bien qu'un désir accru de se distraire ou de se détendre en ces temps difficiles compense au moins partiellement les effets de la baisse du pouvoir d'achat. En revanche, les organisateurs de festivals auront cette année encore plus de difficulté que d'habitude à boucler leur budget. Les sponsors et mécènes se font plus rares, ou plus radins, quand ils n'abandonnent pas tout simplement leur poste comme UBS l'a fait avec le très prestigieux festival de Verbier; les collectivités locales se font parfois tirer l'oreille pour apporter leur soutien (ce qui n'est pas très rationel car les retombées indirectes d'un festival, comme l'hôtellerie ou la restauration, sont en général dix fois plus importantes que le budget du festival lui-même); enfin les specateurs vont plutôt plébisciter les places à petit prix. D'un autre côté, on murmure ici et là que certaines stars du classique ont revu leurs demandes de cachets à la baisse.

N'attendez pas d'ailleurs du Journal de Papageno qu'il se transforme cet été en Journal des Festivals: ayant beaucoup de travail pour préparer la rentrée, en alto comme en composition, il me restera fort peu d'occasions de faire la cigale et dépenser l'argent que je n'ai plus depuis que je suis redevenu étudiant. Ni d'ailleurs pour alimenter ce journal, qui risque de se tarir comme un ruisseau au moins d'août. Ce qui ne m'empêchera pas de souhaiter un excellent été à tous les lecteurs et lectrices de ce journal, et tout spécialement à ceux et celles qui ne pourront pas prendre de vacances.

jeudi 25 juin 2009

Une flûte vieille comme le monde

C'est à Tübingen dans le sud de l'Allemagne, qu'on vient de trouver une flûte en os qui daterait de 35000 ans au moins. Cette respectable antiquité a peut-être appartenu à l'arrière-arrière-grand-père de Schikaneder, qui sait ? Les lecteurs de ce journal, qui sont tous très cultivés, savent bien qu'Emmanuel Schikaneder, un ami proche de Wolfgang Amadeus Mozart, fut non seulement le librettiste de La Flûte Enchantée mais aussi le premier interprète de Papageno, dont il a doublement créé le personnage (sur papier et sur scène). En un sens, Schikaneder est le premier, le seul, l'unique, le vrai Papageno, tous les autres ne pouvant être que des suiveurs ou des imposteurs, au mieux des barytons dotés d'un bel organe et d'un patronyme prédestiné comme L'Oiseleur des Lonchamps.

Au cas où un doute subsisterait, la preuve scientifique est faite que la musique, comme la peinture ou la danse, est aussi ancienne que l'humanité, et infiniment plus ancienne sans doute que l'agriculture ou l'écriture. Les avis sont partagés, dans la communauté scientifique, pour savoir si la musique apportait un avantage compétitif à l'homo sapiens (comparé à l'homo neanderthalis par exemple). Il est difficile d'apporter dans un sens ou dans l'autre des preuves aussi irréfutables qu'une flûte d'ivoire datant de l'âge de pierre pour trancher la question. Alors que Nicholas Conard (le paléontoloque qui a présenté la flûte à Tübingen) pense que la musique n'a probablement pas spécialement favorisé l'évolution de l'espèce humaine, je me rangerais plutôt derrière l'avis de Daniel Levitin, qui consacre un chapitre de son livre This is Your Brain On Music à la question. La portée universelle de la musique (on n'a jamais trouvé un peuple ou une culture dont la musique serait complètement absente), son rôle incoutournable dans la vie sociale et religieuse aussi bien que quotidienne, sa dimension sociale supérieure à celle de tous les autres arts, tout cela semble indiquer que sans la musique l'homo sapiens ne serait pas vraiment cette bête qui rêve d'être un ange, et qu'il n'aurait pas accédé à ces formes supérieures d'organisation sociale qui ont permis son incroyable succès en tant qu'espèce. Vivre sans la musique ? Sans la musique, nous ne serions même pas là pour poser la question.

jeudi 18 juin 2009

Débuter le violon à quarante ans ?

Un fidèle lecteur de de Journal m'écrit et me demande si c'est une bêtise de vouloir commencer le violon à 40 ans. La réponse est simple. Non ça n'est pas une bêtise du tout. Il faut faire ce qu'on aime. Et ça n'est pas moi qui à 33 ans suis passé à mi-temps pour faire de l'alto et de la composition qui vous dirai le contraire. Dans le pire des cas, en étant pessimiste et en supposant ça ne marche pas du tout et qu'on abandonne après quelques années, l'apprentissage du violon aura été un passe-temps comme un autre. Naturellement je dis cela en pensant à l'apprenti violoniste, pas à son entourage dont la digestion post-prendiale du dimanche peut être sévèrement perturbée par des gammes, arpèges et autres exercices de torture de l'oreille... des autres !

Il y a en France un mythe tenace qui veut que le violon réclame une discipline qui tient de l'ascèse et que si on n'a pas commencé à quatre ans et demi et vécu dans le rythme quasi monacal des classes à horaires aménagées quand on était gosse, on ne pourra jamais apprendre le violon. C'est un mythe. une pure idée reçue. Il y a des gens qui ont commencé le violon ou le violoncelle à l'âge adulte et jouent très bien. J'en connais quelques-uns personnellement, des pros et des amateurs.

L'isolement (et le découragement qui l'accompagne) est sans doute le pire danger qui guette l'apprenti violoniste. C'est pour cette raison que beaucoup de gens abandonnent le piano: ils en ont assez de jouer tout seuls et d'avoir l'impression ne pas faire de progrès. Pour cette raison on peut recommander à qui veut commencer le violon de suivre des cours en école de musique plutôt que des leçons privées, et de faire de la musique d'ensemble (par exemple en duo violon-guitare), du jazz ou de l'orchestre dès que possible. Également, dès que possible, il faut chercher des occasions de se produire devant le public, ce qui est la raison d'être du musicien.

Terminons en conseillant la lecture du livre "le violon intérieur" de Dominique Hoppenot. Son enseignement qui prenait en compte le corps dans sa totalité (et pas seulement les doigts) était assez révolutionnaire à l'époque, mais beaucoup de professeurs intègrent maintenant ces notions à leur enseignement.

lundi 4 mai 2009

Un concours de lutherie dédié à l'alto

L'association franco-européenne de l'alto, qui gère entre autre le site Alto en ligne organise un Concours de Lutherie au Conservatoire Régional de Paris du 6 au 8 novembre 2009. Le mot de "concours" est peut-être mal choisi dans la mesure où les Prix sont purement honorifiques. Sachant qu'il faut en plus pour les luthiers candidats payer 50 euros de droit d'inscription, le transport et l'assurance de l'instrument qu'ils présentent, pas sûr que les candidats se bousculent au portillon. Il reste tout de même pour eux l'opportunité de faire connaître leur travail ou de rencontrer des musiciens. Pour les altistes, il y aura sans doute moyen de voir et d'essayer les instruments présentés au CRR de Paris durant les trois jours du concours. Et pour le public, le concert de clôture le dimanche 8 novembre 2009 à 14h30 permettra d'entendre la fine fleur des altistes français en solo, duo, quatuor et autres.

dimanche 3 mai 2009

Zimerman boycotte les Etats-Unis

Les scandales sont une chose plutôt rares dans le monde feutré de la musique classique, où l'on croise plus de smokings et robe de soirée que de blousons de cuir. Outre le fait que s'assoir en silence dans un lieu à l'acoustique spécialement étudié pour écouter des musiciens est un signe de civilisation parmi les plus exquis qui soit, le niveau stratosphérique atteint par les artistes et le caractère (trop) prévisible d'un répertoire bien connu et pas assez renouvelé réduisent encore les possibilités de mauvaises surprises. Au point qu'un éternuement malencontreux ou la sonnerie d'un téléphone portable étourdiment oublié sont souvent l'évènement le plus désagréable qu'on risque de subir.

Aussi c'est une mini-bombe médiatique que Krystian Zimerman a lancé en déclarant lors d'un récital à Los Angeles, dans le Walt Disney Hall (ça ne s'invente pas), qu'il ne jouerait plus aux Etats-Unis pour cause de désaccord avec leur politique étrangère. D'après le blog de Jessica Duchen, le projet de bouclier anti-missile sur le sol Polonais ferait partie des griefs, mais le centre de détention de Gantanamo Bay a été également mentionné...

Le public a réagi diversement: certains sont partis, d'autres ont siffé ou crié "music, music !" ou encore "shut the f*ck up !". Ceux qui sont resté ont applaudi chaleureusement à la fin du récital. Un peu moins à chaud, les réations des internautes sont partagées elles aussi. Beaucoup soutiennent qu'un artiste n'a pas à transformer un récital en tribune politique, qu'on le paye pour se la boucler et jouer, point barre. Je penserai plutôt du côté de Jessica Duchen qui demande: si les artistes de premier plan ne se mobilisent pas pour les causes dignes d'êtres soutenues, qui le fera ? Chopin, Liszt et bien d'autres se sont mobilisés plus d'une fois. Faut-il rappeler que Lizst a composé en 1832 une pièce pour la défense des canuts (les ouvriers du textile) de Lyon qui s'étaient révoltés contre leurs employeurs ? Ou que Chopin a composé en 1831 son étude révolutionnaire pour manifester sa solidarité avec les Polonais ayant participé à l'insurrection de Novembre ?

Comme le rappelle Noémie Lefevre dans son essai Mémoire de l'art et musique engagée, la notion de musique engagée  est toute romantique, la musique étant par nature abstraite et universelle, et donc moins susceptible de connotations politiques que la littérature ou les arts plastiques. Mais l'engagement des musiciens est de tout temps. Il peut prendre de nombreuses formes, comme les concerts gratuits dans les écoles, les hopitaux, les prisons, ou la collecte de fonds pour une association. Et si parfois un musicien s'aventure à soutenir une cause politique par nature non consensuelle, il arrive bien plus souvent que les musiciens soient ambassadeurs de paix et acteurs du dialogue entre les nations.

Reste une question: pourquoi maintenant ? Y a-t-il eu un déclencheur qui a poussé Krystian Zimerman à décider brutalement de cesser ses concerts aux Etats-Unis, alors même que l'arrivée d'Obama au pouvoir promet des inflexions sur les sujets qui fâchent les Européens ? On sait qu'il y a quelques années, son piano (un magnifique Steinway D modifié par ses soins) a été détruit par les douaniers idiots ou paranoïaques de l'aéroport JFK au prétexte que la colle avait une odeur suspecte. Y a-t-il eu un autre incident plus récemment ? Et pourquoi faire un esclandre devant les Californiens qui sont plus ouverts et beaucoup plus proches des Européens que la moyenne des Américains ? Quoi qu'il en soit, on ne peut que soutenir ZImmerman, la politique étant en démocratie la résponsabilité de tous les citoyens et pas l'apanage de quelques-uns. Le jour où les musiciens seront remplacés par des robots sans âme et sans conscience, qui joueront sans ouvrir la bouche dans toutes les salles du Monde, on devra vraiment s'inquiéter. Ce jour n'est peut-être pas si loin d'ailleurs...

lundi 23 mars 2009

Finale du Concours Sforzando le 11 avril 2009 au Sénat

Comme le dit la pub:

Le concours de musique de chambre des Grandes Ecoles et des Universités, s'adresse, depuis sa création en 2005, à tous les étudiants amateurs passionnés de musique de chambre. Organisé sous l'égide de l'Ecole des Mines de Paris, il leur offre la possibilité de se produire en public devant un jury de personnalités du monde de la musique, dans une ambiance conviviale, et permet aux lauréats de participer à divers festivals  (Festival des Arcs, Folle Journée de Nantes...) et à des master-classes. La finale publique de l'édition 2009 du Concours Sforzando aura lieu le samedi 11 avril 2009 à partir de 19h30, dans  les Salons de Boffrand de la Présidence du Sénat, et sera suivie d'un cocktail.

Le jury comprendra cette année, entre autres, Michel Dalberto, Marina Chiche, Karol Beffa, Christopher Bayton... Vous pouvez dès à présent, et avant le 6 avril, réserver vos places sur le site www.sforzando.fr En espérant que vous serez nombreux à assister à cet événement, nous vous souhaitons par avance un très agréable moment musical. Cordialement, Le comité d'organisation du Concours Sforzando.

jeudi 12 mars 2009

Disparition du compositeur Henri Pousseur

On célébrait aujourd'hui à Liège les obsèques d'Henri Pousseur. Ce compositeur belge pas tellement connu en France a notamment fondé l'ensemble Musiques nouvelles et dirigé le conservatoire de Liège jusqu'en 1994, et en a fait un des foyers importants de la musique contemporaine en Europe. Il a également beaucoup collaboré avec des écrivains comme Michel Butor, et laissé nombre d'écrits sur la musique. Comme plusieurs compositeurs de sa génération, il a commencé avec le sérialisme pur et dur dans les années 1950 avant de se libérer de ce qui était devenu un carcan au début des années 1960. Il a continué à écrire jusqu'en 2004. Le journal La Meuse lui rendait hommage comme « sans conteste l’un des quatre compositeurs les plus marquants de la musique du XXe siècle » (mais au fait, qui sont les trois autres ?). Le philarmonique de Liège, qui devait célébrer le 19 mars prochain les 80 bougies d'Henri Pousseur, le fera à titre d'hommage posthume.

On trouve quelques extraits de sa musique sur Youtube, dont un solo pour Arpeggione (mais si, cette viole de gambe à 6 cordes accordée comme une guitare et pour laquelle Schubert avait écrit sa célèbre sonate en la mineur): Il y a aussi ce morceau étonnant dont le style évolue insensiblement de celui de Mozart à celui de Boulez (en passant par Beethoven, Schumann, Wagner, etc) en moins de 5 minutes:

mardi 10 février 2009

Sauver le conservatoire du Sud Lubéron ?

Reçu dans ma boite au lettres électronique, un appel à soutenir les profs du conservatoire du Sud dont le maire veut sucrer la subvention:

Auteur : Collectif des professeurs du Conservatoire de Musique du Sud Luberon

A l'attention de : Les élus des 12 communes du Syndicat Intercommnul de Musique du Sud Luberon

Le Conservatoire de Musique, pôle majeur d'enseignement culturel du Sud Luberon, est fortement menacé de disparition par la volonté de la municipalité de Pertuis de réduire sa contribution. En effet la nouvelle municipalité de Pertuis, adhérente au Syndicat Intercommunal de Musique du Sud Luberon composé de 12 communes, a décidé subitement, et de manière unilatérale de réduire sa contribution de plus de 150 000€. Cela impliquerait que: - Plus de 2000 élèves ne bénéficieront plus d'un enseignement musical dans les écoles maternelles et primaires. - 500 élèves ne pourront plus se former au Conservatoire. - Des postes de professeurs seront supprimés.

Comment ne pas penser aux retombées négatives sur les formations musicales amateurs (harmonies, big-band et bien d'autres) et à la réduction de l'animation et de la vie culturelle.

Cette année déjà la ville de Pertuis a choisi de priver les jeunes élèves pertuisiens de plus de 100 heures de musique au sein des écoles, de ce fait une chorale a été supprimée, des projets réduits. Cette ouverture à la musique pour tous est pourtant une des grandes réussites de notre établissement. C'est bien la notion de service public qui est mise directement en cause.

C'est pourquoi nous demandons aux élus de toutes les communes concernées de trouver les moyens de maintenir ce Conservatoire de Musique ouvert à tous.

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Je suis bien sûr solidaire des profs de musique, et favorable aux conservatoire municipaux, en ayant moi-même bénéficié dans ma jeunesse. A l'attention des élus locaux qui liraient ce blog, on ne peut que souligner que l'investissement dans les activités culturelles, qui consomme souvent un pourcentage très modeste des budgets publics locaux, produit des résultats tangibles, non seulement sur le bien-être des citoyens, mais aussi en retombées économiques. Et si vous ne me croyez pas, demandez leur avis aux hôteliers d'Avignon qui ont vu leur chiffre d'affaire divisé par trois l'année où la grève des intermittents du spectacle a paralysé le Festival.

Quant à l'utilité de signer la pétition elle-même, des questions subsistent:

  • qui lira cette pétition ?
  • que fait le site qui l'héberge de mon adresse e-mail (si elle n'est pas publiée, pourquoi me la demander) ?
  • quelle valeur a un message laissé sur Internet sur un site qui apparemment ne filtre même pas les doublons ?
  • c'est à 900 km de chez moi...
  • à combien se montait la subvention avant ? sur un budget total de combien ?

En bref, il vaut peut-être mieux laisser les citoyens des communes concernées gérer le problème (et l'expérience de l'école de musique d'Orsay, plus proche de chez moi, montre qu'on peut faire du lobbying efficace dans ces cas-là).

jeudi 18 décembre 2008

Au revoir, monsieur Brendel

Avec un ultime concert à Vienne, le pianiste Alfred Brendel met aujourd'hui fin à 60 ans de carrière. De nombreux commentateurs, musicologues, journalistes, musiciens, et des plus qualifiés que moi, ont déjà embouché leurs trompettes pour lui préparer un beau concert d'éloges, fort mérité il est vrai. Un musicien largement autodidacte, un intellectuel autant qu'un artiste, qui nous laisse une discographie abondante (toutes les sonates de Beethoven, mais aussi toutes celles de Mozart de Schubert et une bonne tranche de Liszt).

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lundi 8 décembre 2008

Violon volé à Lyon

Transmis par un ami d'ami, l'annonce d'Anne Germanique, violoniste lyonnaise dont le violon a été volé. Une description de l'instrument avec des photos se trouve ici. Malheureusement, et je le sais par expérience, il est très improbable de retrouver un violon volé même (sauf si c'est un Stradivarius ou un Vuillaume qui seraient invendables). Tous les instrumentistes développent un rapport affectif à leur instrument, mais c'est spécialement vrai des violonistes et violoncellistes. Bien plus qu'un outil de travail, un violon est souvent un véritable compagnon de route, un ami fidèle et irremplaçable...

dimanche 16 novembre 2008

Les orchestres français sont-ils mauvais ?

Pour saluer l'initiative Orchestres en fête !, qui propose des concerts mais aussi des répétitions publiques, des visites guidées des coulisses, le Monde n'a rien trouvé de mieux que de produire un article de Marie-Aude Roux titré Pourquoi les orchestres français restent aux portes de l'élite mondiale.

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dimanche 9 novembre 2008

In memoriam Thibaut Kirchner

Thibaut Kirchner était un élève en maths de l'ENS. Il savait jongler, jouer du piano, résoudre un Rubik's cube en moins d'une minute et bien d'autres choses. Il a trouvé la mort le 17 octobre 2008 dans un accident de la circulation (encore un Vélib, encore un bus, encore une histoire d'angle mort d'après le Parisien). Il avait 21 ans.

Trouvé dans les archives des concerts Trouvères: un enregistrement de la Pavane pour une infante défunte de Ravel jouée par Thibaut en avril dernier. Un tempo assez lent, légèrement déstructuré, qui fait penser à une improvisation:

Au revoir, Thibaut. Au revoir et merci.

lundi 13 octobre 2008

Les nouveaux castrats

Il n'est un mystère pour personne que nous vivons une époque éminemment castratrice. On pourrait faire de longs développements sur la question, mais je me contenterai de vous rappeler ces petits messages dont on nous bombarde le cerveau en permanence: pour votre santé évitez de grignoter - nous vous rappelons qu'il est interdit de fumer dans l'ensemble de la gare - pour votre sécurité, contrôles automatiques - l'abus d'alcool est dangereux pour la santé - à consommer avec modération. Comme si la société était devenu une mère trop envahissante avec ses conseil forcément bons mais trop nombreux et par là même castrateurs.

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mercredi 1 octobre 2008

Préférez-vous la haute-contre, la taille ou quinte de violon ?

Lu dans Le monde de la musique et Télérama: dans l'orchestre de Lully, on trouvait non pas un mais trois espèces de violons accordés sur do, sol, ré, la : la haute contre (de petite taille, 38 cm), la taille (plus proche de l'alto) et la quinte de violon (une cinquantaine de centimètres).

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